L’autre face des choses

« Contre le mur, une photo d’Andrés me regarde. Je crois que dans cette image, on pourrait condenser tout ce qu’il s’est passé depuis notre rencontre. Cette photo le reflète ou bien non : pas lui, mais plutôt des gens que je ne connais pas, qui pourraient être mes amis ou même mes ennemis. Ils me semblent si proches, comme si j’avais la possibilté de les croiser au coin de la rue. Ils sont probablement de France ou d’ailleurs, comme Andrés l’est maintenant. Cette photo nous donne  à voir tout ce qu’il a voulu faire de sa vie.

         La première fois que je l’ai vu à la faculté de journalisme, il portait une veste militaire verte. Elle n’allait pas avec ses lunettes et ses longs cheveux. Mais maintenant que j’y repense, alors oui, c’était la veste d’un combattant, de quelqu’un qui revient de la guerre : la sienne, une guerre qui lui a enseigné ce qu’il voulait vraiment dans la vie. Un exploit de nos jours ! C’est pourquoi Andrés me semble être aujourd’hui un vétéran ; il a découvert le monde et trouvé sa voie.

         Il a toujours su que dans sa vie, il voulait être témoin. Un témoin lucide avec sa propre opinion. Ainsi, « le journalisme scolaire » qu’on lui a appris à l’université ne lui correspondait pas. Andrés a choisi autre chose : faire à sa façon le portrait du monde à travers la vidéo, le cinéma et la photographie.

         Mais sa manière de travailler ne ressemble pas à celle des studios où l’on a le temps de placer les projecteurs, mesurer la lumière, demander au modèle de poser… Lui – tout comme moi - préfère le trottoir, la vie. Avec ses ombres et ses lumières, avec ses manques et ses excès dans cette scène quotidienne, vertigineuse et réelle, qu’offre la rue.

         « Réalité », voilà quelque chose d’essentiel. Son travail consiste à immortaliser la réalité, il ne s’agit pas du strictement réel, mais plutôt du véritable. Là où rentrent la crasse et les ordures, mais aussi la poésie et la vérité… en quelques mots, la vie.

         Andrés veut, à travers ses photos, nous laisser voir l’autre face des choses. Ce que l’on ne voit pas parce qu’on ne veut pas regarder ou parce qu’on a les yeux hermétiquement fermés.

         L’œil s’ouvre, capte la lumière et forme l’image dans notre cerveau ; un regard qu’Andrés nous a révélé pour que notre perception du monde soit plus véritable.      

Que dire de plus sur Andrés ? Qu’il est mon ami. Qu’il sera toujours mon ami. »

Daniel Osorio.

Santiago du Chili, Printemp.

 

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